Centre de Recherches sur les Langues d'Asie Orientale

Linguistique descriptive du japonais et formalisation

La recherche est consacrée à la morphologie, la syntaxe et la sémantique du japonais. La sémantique est comprise dans son sens large et comprend la pragmatique. A partir des observations est élaboré un modèle formel implémenté sous la forme d'une grammaire de contraintes intégrées, associée à des bases de connaissances. Ici, «formel» est entendu au sens de «formulé dans un/des langage(s) formel(s)» et calculable (à ne pas confondre avec «théorie linguistique», comme la grammaire générative par exemple).

Les observations recourrent largement aux corpus. Pour résoudre les nombreuses difficultés rencontrées pour évaluer l'acceptabilité de certaines données, j'ai proposé de s'appuyer sur des données quantitatives (Blin, 2017).

Les noms sémantiquement fonctionnels

Propriétés syntaxiques et sémantiques des noms sémantiquement fonctionnels (noms qui désignent une entité unique en fonction d'une autre entité : par exemple, syatyou « président de », ryou « quantité de » (voir par exemple Blin 2013).

En opposition à l'idée qui prévaut depuis les travaux de Montague, je défends l'idée que cette classe de mots ne nécessite pas de recourrir aux logiques modales, et plus généralement, que les noms peuvent être décrits sans recourrir aux logiques modales, et cela sans pour autant buter sur les paradoxes qui ont justifié le recours à ces logiques.

Les suffixes

Description morphosémantique de plusieurs suffixes sino-japonais. On part du constat que si ils sont souvent évoqués dans la littérature, leurs descriptions ne sont pas intégrables à des systèmes formels.

Etude des constructions de la forme <nom verbal + sha> (kenkyuu-sha "recherche-personne; chercheur") (Blin 2017). Il s'agissait de proposer un ensemble de règles opératoires capable de prédire avec quel argument du nom verbal le dérivé serait coréférent. Par exemple kenkyuu-sha est coréférent avec l'argument en ga. Les résultats fournis sont exploitable pour le traitement automatique et compatibles avec les nombreuses ressources lexicales existantes.

D'autres suffixes sont à l'étude, comme go («langue (linguistique)», qui est un cas idéal pour réfléchir sur l'interaction entre sémantique et pragmatique aux nivaux lexical et morphologique.

Grammaire du japonais

Parallèlement aux travaux focalisés sur des structures particulières, je développe une grammaire de grande taille destinée à couvrir le japonais dans son ensemble. On s'inscrit de ce fait dans la lignée de travaux comme Jacy ou Daisuke Bekki. A la différence du premier j'intègre le niveau morphologique et la description de la sémantique fait partie intégrante du dispositif. Je suis donc plus proche du second, dont de nombreux composants peuvent être importés. Je m'en distingue toutefois en utilisant (jusqu'à présent) la logique classique alors que D.Bekki utilise les logiques modales.


2018/06/04
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